Il est des rencontres douces comme le murmure d’une brise légère, elles se vivent souvent d’égal à égal et trouvent dans le présent leur accomplissement. D’autres sont d’emblée plus mystérieuses et plus profondes, elles suscitent quelques craintes dans le pressentiment d’une remise en cause toujours possible ? alors le présent est tendu vers l’avenir chargé de confiance et déjà de gratitude.
Nous avons eu la grâce de vivre cette rencontre : durant quinze jours notre communauté a accueilli Sr Évelyne et Sr Chadia, Antonines de l’Église Maronite du Liban.

Nous n’y croyons plus guère car leur arrivée fut retardée par la difficulté d’obtenir un visa puis par l’annulation de trois vols successifs, dus à la gravité de la situation politique.
Un jour, elles sont arrivées, chargées de présents, mais nous sentions bien aussi leur fatigue et leur lassitude accumulées face aux épreuves.

Nous avons très vite compris à quel point nous avions besoin les unes des autres et les échanges ont commencé. La tradition monastique en Orient, St Antoine le Grand notre Père à toutes, St Ephrem, St Isaac le Syrien et tant d’autres, devenaient soudain contemporains dans les ermites de la “vallée Sainte”, cœur battant du Liban. Nous avons découvert que nos sœurs, toute données au service de leurs frères en détresse, sont au plus profond des contemplatives.

Proches de tous ceux qui donnent leur vie pour le Christ, elles désiraient toucher le cœur de l’Église de France, le souvenir de ses martyrs. Nous les avons conduites à “l’île Madame” et toutes nos Églises visitées leur parlaient de beauté mais surtout de foi vivante.


Nous avons pu partager tout ce qui fait notre vie : la prière, le silence, le repas, le repos, la joie, l’écoute mutuelle, et grâce à leur présence le plus simple devenait profond, délicieux, don de la grâce.
Elles sont reparties, chargées de présents, mais nous sommes parties avec elles et elles sont restées chez nous ; il est évident qu’un histoire a commencé et que “les fruits passeront la promesse des fleurs !”